Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Visite NOOSA

noosa illustration 1 compressé

Noosa est une fibre textile innovante qui s’inscrit pleinement dans une logique circulaire. Son potentiel pourrait bouleverser les modèles économiques et technologiques du secteur. En adoptant une approche globale de la chaîne de valeur, elle permet de fermer le cycle de production et d’éliminer complètement la notion de déchet textile.

Contexte

Le 22 janvier dernier, circlemade.brussels, le cluster des entreprises de production circulaire, organisait une visite des installations de l’entreprise Noosa à Anderlecht. Fondée en 2020, Noosa est membre de la filière textile du cluster depuis 2024. Les invités ont pu découvrir l’unité pilote récemment mise en service, offrant une occasion idéale pour comprendre pleinement le concept de la fibre Noosa à travers la visite de son laboratoire et une présentation complète de ses solutions textiles.

Le défi des déchets textiles

Actuellement, seulement 1 % des déchets textiles mondiaux sont réellement recyclés. L’impact de l’industrie textile, en particulier la fast fashion, constitue un immense défi pour l’environnement et le climat. La production et la consommation excessives de textiles perturbent les filières de traitement en fin de vie. La baisse de qualité des produits réduit les possibilités de réemploi, entraînant une accumulation croissante de textiles de mauvaise qualité, dont l’unique issue est souvent la destruction.

Parmi les textiles recyclés, seuls 30 % passent par un recyclage mécanique, souvent dégradés pour des applications de moindre qualité (downcycling).

Pour répondre à ces enjeux, Noosa propose une solution innovante. Sa fibre est biosourcée à base de PLA (acide polylactique), ce qui permet un recyclage à 100 %, sans fin, et tout en préservant la qualité du produit à chaque cycle grâce à son procédé breveté.

L’origine de la matière

La première pièce du puzzle Noosa est l’acide polylactique (PLA). À la base de ce matériau se trouve le sucre, extrait de diverses plantes cultivées comme le maïs, le blé, la canne à sucre ou la betterave. L’amidon de la plante est transformé en sucre, puis fermenté par des bactéries lactiques pour produire de l’acide lactique. Celui-ci est ensuite polymérisé en longues chaînes pour donner naissance au PLA.

D’ici une dizaine d’années, des avancées scientifiques pourraient permettre de produire du PLA directement à partir du CO₂.

La fabrication de la fibre

Le PLA se présente sous forme de billes, actuellement produites et fournies par une société sœur, Futerro. Ces billes sont introduites dans une machine et extrudées sous l’effet de la chaleur en filaments extrêmement fins.

Ces filaments sont extrudés en parallèle à travers une sorte de pommeau de douche, puis fusionnent pour former un filament plus épais appelé multifilament ou fil. Cette étape, appelée filage, est essentielle pour conférer de la souplesse au fil.


Le filament peut ensuite suivre deux voies : être texturisé ou coupé pour produire des fibres courtes. La matière biosourcée exige systématiquement une étape de filage avant la fabrication des fibres. Ces fibres peuvent ensuite être intégrées dans des chaînes de production de fils, en combinaison avec d’autres fibres.

 

L’unité pilote présentée lors de la visite permet de développer différents filaments, qui sont ensuite testés avec les clients dans leurs lignes de production. Actuellement, la Chine adopte le plus rapidement la fibre Noosa, avec 1 % des textiles commercialisés intégrant cette fibre.

Le développement de compétences et le maintien d’une propriété intellectuelle locale sont primordiaux pour l’Europe. La Chine possède une longueur d’avance en maîtrisant les procédés de fabrication, tandis qu’en Europe, la disparition d’un pan important de l’industrie a entraîné une perte de savoir-faire.

C’est donc une grande chance pour Bruxelles d’accueillir ce nouveau savoir-faire sur son territoire !

Les produits Noosa

Noosa commercialise trois types de produits finis :

  • Filament en bobine
  • Bobines de fil (multifilaments)
  • Fibres en vrac (ballots)

Ces produits s’intègrent facilement aux chaînes de production textile existantes, facilitant la transition vers une filière textile plus durable.

L’entreprise développe également des solutions combinant la fibre Noosa à d’autres fibres comme la laine, le coton ou l’élasthanne. Ces prototypes démontrent la faisabilité de ces mélanges, permettant d’obtenir des textures variées selon les besoins du marché.

Il est donc possible d’obtenir un toucher similaire à celui du coton ou de la laine selon la combinaison choisie. Ces mélanges et leur rendu facilitent l’adoption du produit par les consommateurs, ce qui devrait aussi accélérer son intégration sur le marché.

Les produits à base de PLA offrent également des propriétés intéressantes :

 

Grande résistance aux UV, faible inflammabilité (contrairement aux fibres cellulosiques), bonne respirabilité (évacuation de la sueur), faible rétention des odeurs, propriétés bactériostatiques (répulsion des bactéries) et hypoallergéniques (pH proche de celui de la peau)

Ces caractéristiques permettent d’envisager de nombreuses applications : vêtements de sport, sous-vêtements, vêtements de travail, textiles d’ameublement et même des produits à usage unique tels que charlottes, masques ou blouses d’hôpital.

Ces caractéristiques permettent d’envisager de nombreuses applications : vêtements de sport, sous-vêtements, vêtements de travail, textiles d’ameublement et même des produits à usage unique tels que charlottes, masques ou blouses d’hôpital.

Le laboratoire

Le laboratoire de Noosa se divise en deux parties :

  • Contrôle qualité : test de finesse, résistance, densité, élongation, torsion, etc.
  • Chimie du recyclage : développement du NOOCYCLE™, un procédé breveté de dissolution et de revalorisation du PLA.

Différents équipements permettent de tester les fibres sous plusieurs aspects :

finesse et résistance ; densité linéaire (100 m de fil sont pesés) ; résistance et élongation (mesurées par étirement) ; torsion du fil ; Nombre de filaments (microscope) ;Tension du fil (doit être homogène sur toute sa longueur)

D’un autre côté, le laboratoire contient une version réduite de la technologie de recyclage. Un récipient contenant un solvant est maintenu à une température précise à l’aide d’un bain d’huile.

Lorsqu’un morceau de textile est introduit dans la cuve, il est immédiatement dissous dans le liquide, ramenant chimiquement l’acide polylactique à son état d’acide lactique. Le solvant est ensuite séparé de l’acide lactique pour être réutilisé.  Ce procédé, baptisé NOOCYCLE™, est breveté.

Si le textile initial contenait d’autres fibres, celles-ci ressortent intactes et peuvent être envoyées à d’autres partenaires pour leur recyclage. L’acide lactique récupéré peut alors être réintroduit dans la production de PLA, garantissant ainsi un recyclage total et sans perte.

noocycle

L’impact

Noosa est labellisée Solar Impulse, B Corp et Oeko-Tex Standard 100. Sa fibre biosourcée est garantie sans OGM.

Son impact environnemental est parmi les plus faibles des fibres textiles existantes. Comparée au coton, elle consomme 50 % d’eau en moins et réduit les émissions de CO₂ de 30 %.

Grâce à sa matière biosourcée et à son recyclage infini, Noosa se positionne comme une alternative durable aux fibres textiles conventionnelles.

Conclusion

L’un des plus grands défis de Noosa reste de convaincre les industries textiles d’adopter cette fibre innovante. Cependant, avec une production locale et une solution circulaire unique, elle présente une opportunité majeure pour repenser l’industrie textile de demain.

Plus d’information : https://noosafiber.com/