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Visite de la société Envie située à Trappes

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L’insertion professionnelle, l’économie circulaire et la création d’emplois locaux sont au cœur de la mission d’Envie. Le site de Trappes créé en 2012 occupe plus de 40 personnes. Il s’est spécialisé dans le gros électroménager. À la recherche d’un modèle économique pérenne, il est autofinancé à 80% par la vente des équipements et les services associés. Sa stratégie rentre dans la stratégie globale du Réseau Envie, de développement et de changement d’échelle.

Le réseau Envie

L’activité est née à Strasbourg en 1984 avec pour objectif d’aider des jeunes sans emploi à rentrer sur le marché du travail en œuvrant à limiter le gaspillage à travers la réparation d’appareils électroménagers.

À partir de 1989, l’activité s’installe dans d’autres villes avec un fort ancrage local à chaque fois. Une centrale d’achat naît qui donnera naissance à la Fédération Envie. Celle-ci fixe la ligne stratégique, accueille les services informatiques ainsi qu’un centre de formation.

Le réseau saisira ensuite l’opportunité de se positionner sur la collecte et le traitement des D3E dès la mise en œuvre de la directive européenne sur les équipements électriques et électroniques imposant la responsabilité élargie des producteurs en 2006.

Sous l’impulsion de la Loi AGEC ([1]) plus récente, la filière déchets se transforme en source de réemploi car tout doit à présent être considéré comme réemployable. Point important à souligner, le réemploi est réservé au bénéfice exclusif des entreprises d’économie sociale et solidaire.

En 2021, Envie Le Labo est créé à Paris. On y trouvera les bureaux de la Fédération, un service de sensibilisation du public, un centre de formation, un magasin et un petit atelier de réparation.

L’idée de rénover des électroménagers à travers un modèle circulaire et solidaire répond à une vraie demande. En 2024, le réseau fête ses 40 ans et n’est pas prêt de s’arrêter. Ce sont déjà 3.200 salariés répartis sur la France dans plus d’une cinquantaine d’entreprises d’insertion.

Envie Trappes

L’activité à Trappes existe depuis 10 ans. Elle se concentre sur le gros blanc([2]) pour lequel elle a acquis une réelle expertise.

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Elle occupe 45 personnes dont 30 en insertion et 6 qui ont été engagés en CDI après un passage en réinsertion. Sur site, on dénombrera des activités de production, de stockage, du transport et de la vente.

Envie Trappes et Le Labo travaillent ensemble.

Sur ces 2 lieux, ce ne sont pas moins de 4.000 à 5.000 appareils électroménagers qui sont remis sur le marché chaque année. Tous les appareils reçoivent une garantie de 2 ans.

Trois critères président à son fonctionnement

  • la réinsertion
  • l’aspect économique qui permet l’équilibre
  • l’aspect environnement apparu il y a moins de 10 ans

Le modèle social

Chaque salarié en insertion (entre 4 mois et 2 ans) devra identifier un projet professionnel et suivre un parcours de formation à la carte, en fonction de ses besoins. Il aura ainsi accès à des formations qualifiantes.

Dans son parcours, le salarié en insertion sera invité à partager les valeurs de l’entreprise et notamment la dimension écologique du projet qui donne du sens au travail.

Un équilibre délicat doit être trouvé entre le temps de formation et le temps consacré au projet économique. Chacun se verra attribuer un objectif de professionnalisation progressif. Le salarié pourra acquérir des certifications ou habilitations pour certaines activités. Grâce à tous ces mécanismes, le taux de réussite atteint 70% !

Selon Eric Gastineau, directeur chez Envie Trappes, « c’est le contenu et la richesse liée à la technicité du métier qui induit ce taux de réussite et bien entendu, le côté professionnalisant ».

Le modèle économique

La fixation des prix de vente est assez simple, ils sont établis à 50% du prix d’un équipement identique neuf. 30% des ventes sont issues du site web.

Les ressources de l’entreprise sont basées à 85% sur la vente des appareils et sur le service de réparation ou dépannage tandis que les 15% restant sont basés sur une aide aux postes de réinsertion. Ces derniers permettent l’engagement d’un chargé d’accompagnement social individualisé.

L’entreprise propose aussi un service de dépannage pour lequel elle dispose du label « Quali Répar ». Il s’agit d’un bonus réparation entre 15 et 50€, remboursé par l’éco-organisme via un Fonds Réparation. Ce bonus a permis de résoudre un des freins liés à la réparation, le prix. Par contre, il ne résout en rien la pénurie de techniciens électroménagers qualifiés. Signalons que seuls des techniciens qualifiés sont envoyés en dépannage et pas le personnel en réinsertion. Toutefois malgré cela, les prix pratiqués sont inférieurs à ceux des entreprises lucratives. Il n’y a pas de capital à rémunérer !

Le marché du réemploi est passé d’un marché plutôt confidentiel quand Envie a débuté ses activités à un marché très concurrentiel de nos jours.

Envie est fier d’annoncer que son modèle économique est à l’équilibre contrairement aux start-ups entrées récemment sur ce marché dont le modèle est basé principalement sur la réparation et non le reconditionnement.

Ce que nous avons appris : il ne faut pas fixer le prix de vente au plus bas pour pouvoir viser l’équilibre et la pérennisation.

La gestion du flux

80% des gisements proviennent de la filière déchets pour 20% issus de dons ou de reprise chez des particuliers. D’après Ecosystem, l’éco-organisme pour les D3E, seuls les appareils de moins de 8 ans trouvent acheteurs. Cependant les vieilles machines de bonnes marques peuvent encore servir dans des applications spécifiques.

 

Les appareils sont collectés gratuitement sur une plateforme appartenant à Darty. Un premier tri léger est effectué à ce niveau. Un travail sur une collecte préservant les équipements collectés en magasin est en cours afin d’augmenter le flux qui pourra être reconditionné.

Quand les appareils arrivent sur le site d’Envie à Trappes, ils sont à nouveau triés. Ceux qui sont trop abîmés rejoignent une benne pour le recyclage. Le tri des matériaux est réalisé en centre de traitement externe.

Les machines sont ensuite stockées en phase intermédiaire. À ce stade, 58% des machines seront retravaillées. Le reste alimentera le stock de pièces détachées qui peuvent servir aux réparations ou être vendues séparément en magasin.

L’étape suivante est le test. Les machines sont branchées, mises en eau et rénovées (changement de pièces, nettoyage). L’entreprise expérimente une décomposition de la production en 2 parties dans des locaux séparés pour les machines à laver :

  • diagnostic et réparation des machines
  • changement des pièces défectueuses

Le travail est réparti en équipes qui se voient attribuer des objectifs collectifs.

Il faut compter que 20 à 25% des appareils collectés sont vendus en magasin. Le reste alimente le stock de pièces détachées et la benne pour le recyclage.

Plus d’information : https://paris.idf.envie.org/

[1] Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire – adoptée le 10 février 2020

[2] Lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge, cuisinière, four, plaques de cuisson, réfrigérateur, congélateur

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