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Visite de la société Ecodair à Paris

L’association emploie 70 personnes handicapées et en réinsertion professionnelle sur son site parisien. Elle est la seule structure de la capitale à reconditionner des ordinateurs à l’échelle industrielle. Une situation géographique parfois complexe, qui reste stratégique pour la Ville de Paris.

Un peu d’histoire

Etienne Hirschauer, directeur d’Ecodair nous plonge directement au cœur des dispositifs français d’insertion : « la société Ecodair possède quatre agréments dans les dispositifs d’insertion. Ceux qui touchent au handicap (EA – entreprise adaptée et ESAT – Etablissement et Services d’Aide par le Travail). Ecodair est aussi une EI – Entreprise d’insertion et ACI – Atelier et Chantier d’insertion ». Ces dispositifs s’individualisent selon deux axes, l’existence ou non d’un handicap et le profil économique de l’activité, association ou véritable entreprise de production possédant les mêmes contraintes que toutes entreprises sur le marché.

Ecodair existe depuis 20 ans et trouve son origine dans la volonté d’aider les personnes en situation de fragilité psychique tout d’abord sous une forme associative, qui a donné naissance avec le temps à une entreprise d’insertion. 

La société n’a pas eu facile. Ses sources de financement se sont rétrécies au fil du temps. Si bien que lorsque Etienne Hirschauer est arrivé fin 2017, elle était quasi en état de cessation financière. Venu du privé « classique » sans aucune connaissance de l’activité ou l’écosystème, ce dernier n’a pas voulu entendre qu’il était impossible d’avoir un équilibre financier dans ce genre de structure. Il explique : « l’effet waouw que j’ai eu au début sur la finalité de l’entreprise, je veux le transmettre. Je veux créer un lien entre le monde classique et le monde de la fragilité. Nous avons tous connus des moments de fragilité. Il faut parler de ce sujet. Mon ambition, c’est de changer le monde».

L’activité

L’entreprise travaille le matériel informatique depuis ses débuts. Il récupère le matériel ancien pour lui redonner une seconde vie dans une démarche d’inclusion.

Ecodair occupe une centaine de personnes sur le site au Nord de Paris et une centaine à travers la France. Elle est établie sur 2 sites à Paris, un à Marseille, Lyon et Nantes et va se développer en 2025 à Lille et à Strasbourg en 2026. Elle compte en tout, 200 personnes. Chaque site possède une composante industrielle, commerciale et sociale.

L’entreprise possède une équipe IT qui a porté la mise en place d’un ERP du contact clients à la facturation.

L’association détient les parts des structures opérationnelles locales. La structure Ecodair que nous avons visité est détenue à 51% par l’association et à 49% par 4 fonds (Caisse des Dépôts, BNP, Crédit Mutuel et un Fonds d’investissement solidaire – Phitrust). Grâce à ce dernier, elle a pu se refinancer en janvier de cette année à hauteur de 3,5 millions d’€ (source). Signalons que tout est réinvesti et qu’il n’y a pas de dividende distribué.

L’entreprise continue donc de se développer. Elle engage et grâce à ses valeurs fortes, elle arrive à susciter l’engouement de jeunes très diplômés comme des polytechniciens ou des personnes sorties des hautes écoles de commerce.

Lors de la visite, les ateliers se succèdent. Effacement des données, audit, contrôle – réparation, nettoyage, rangement des pièces – soudure pour remettre un maximum de matériel en service – préparation des commandes – service clients avec suivi de la satisfaction.

De janvier à mai, lorsque la demande est plus faible, l’entreprise travaille sur plusieurs sujets qu’elle voudrait voir améliorer. Cette année, cela portait sur l’emballage, le matériel de collecte, le suivi des batteries et accessoires non encore inclus dans l’ERP.

Quelques chiffres

Sur les 100 personnes occupées sur son site au Nord de Paris, on dénombre 40 postes en ESAT, 30 postes en EA et 10 postes en EI complétés par 20 postes d’encadrement.

Tout son matériel est collecté auprès des entreprises à raison de 60% achetés, tandis que la vente s’opère à 80% en entreprises pour 20% en B2C.

Grâce à la loi AGEC ([1]), elle bénéficie d’un effet de maturation accélérée du marché car cette loi impose aux structures publiques l’obligation d’achat de minimum 20% de matériel reconditionné.

L’entreprise se repose sur 15 commerciaux pour la vente du matériel dont le prix n’a pas été fixé nécessairement au plus bas. Le prix est établi en confrontant une double approche classique : prix d’achat + marge et prix du marché. Ecodair possède un tout petit stock mais la grande majorité du matériel ne sera reconditionné que lorsqu’il aura été vendu. Tout le process doit donc se passer en moins de 48h, ce qui est plus compliqué.

La garantie sur le matériel s’échelonne entre 1 et 3 ans. Le client peut choisir d’étendre sa garantie et paiera le montant en fonction.

L’entreprise possède une école de formation au métier de technicien informatique avec niveau BAC. Chaque personne en insertion doit établir un projet personnel Ecodair (PPE), un projet personnel professionnel (PPP – via d’autres métiers que ceux d’Ecodair) ainsi qu’un projet personnel social (PPS – logement, hygiène, rapport au travail, etc). L’accompagnement est réalisé à la semaine, au trimestre et à l’année. L’équipe encadrante sera constituée de moniteur 1er niveau, de manager opérationnel et d’un chargé d’insertion professionnelle par site.

Plus d’information : https://www.ecodair.com/

[1] Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire – adoptée le 10 février 2020