Si on regarde le passé bruxellois, l’industrie y était très florissante. Elle était même la première région industrielle du pays jusque dans les années ’70. Le prix du foncier, les difficultés de circulation, la plus difficile gestion de la cohabitation, entre autres, rendent son intégration en ville plus délicate et ont progressivement eu raison d’une partie de ses activités.
Maintenir une petite industrie en ville a cependant du sens. La ville est un lieu privilégié pour entreprendre. C’est là que l’on trouve fournisseurs et clients, main d’œuvre et demande y sont concentrés. C’est également là que les réseaux de compétences se forment et sont actifs. C’est là que se trouvent les formations et le monde de la recherche académique. C’est là que la vie privée peut se mêler à la vie professionnelle. C’est là que tout se trouve à proximité réduisant l’empreinte environnementale liée aux déplacements. Ces lieux sont destinés à jouer un rôle de plus en plus grand sachant par ailleurs que l’augmentation démographique se fait principalement au cœur des villes.
Gardons aussi à l’esprit que Bruxelles est caractérisée par un grand dynamisme au niveau entrepreneurial. Son taux de création d’entreprises est le plus élevé de Belgique.
Les stratégies régionales
Extrait de la stratégie Go4Brussels, « La politique de dynamisation des activités productives doit en premier lieu permettre de renforcer l’attractivité économique de la Région et augmenter le nombre de bruxellois à l’emploi. La création d’emplois durables dans les activités productives est un levier d’action efficace pour répondre aux objectifs d’emploi fixés par la Région. Qui plus est, les activités productives offrent une palette d’emplois correspondant à des niveaux de qualifications à la fois modestes et très élevés. Bruxelles possède une population active qui dispose de ces niveaux mais qui doit également les renforcer qualitativement et quantitativement. » La formation joue un rôle important à ce niveau et il sera nécessaire d’assurer un lien étroit entre le cluster et ces acteurs.
« Le maintien d’une base industrielle forte à Bruxelles est un facteur essentiel de croissance et d’innovation. Elle contribue de manière déterminante à la création de richesse et à l’accroissement de la productivité. Elle engage une part importante des efforts en terme de recherche et d’innovation ». Or nous avons laissé partir des pans entiers de l’industrie. Un défi nous attend pour pouvoir redéployer le savoir et le savoir-faire lié à une production urbaine adaptée à la ville. Un travail étroit avec les laboratoires de recherche sera promu et facilité.
Extrait de la Shifting Economy 2022-2030 (stratégie de transition régionale), « La nécessité de renforcer la résilience et la transition de l’économie bruxelloise s’avère à l’évidence plus prégnante que jamais, ainsi que l’a encore démontré la crise liée à la pandémie de Covid 19, ayant mis en lumière la fragilité de notre système économique global et de nos chaînes d’approvisionnement dès que le contexte s’avère incertain. C’est pourquoi, il est primordial de garantir le maintien et le développement des activités productives en ville ».
La ville est grande importatrice de biens et exportatrice de beaucoup de déchets. Autant d’opportunités de capter des flux et de leur apporter une valeur ajoutée au niveau local. La ville est clairement un milieu ouvert mais il est aussi important qu’elle puisse limiter sa dépendance en développant une capacité de production locale pour augmenter sa résilience. C’est pourquoi, il est primordial de garantir le maintien et le développement des activités productives en ville. Plusieurs mesures de cette stratégie concerne la production.
Les grandes tendances technologiques
Nous assistons, en outre, à de grandes tendances technologiques dont il faudra analyser les opportunités pour la Région.
Citons les technologies additives qui utilisent la matière de manière plus rationnelle et dont les produits peuvent être à leur tour, recyclés. Cette technologie permet la production en petites séries à la demande, dès lors avec des volumes de production qu’il est plus aisé d’accueillir en ville.
Citons l’industrie 4.0 ou Smart Factory. Ce type d’industrie est basé sur la robotique et la mise en réseau de capteurs qui collaborent pour contrôler et commander les entités physiques de production. Cette industrie profite de la digitalisation et de la mise en réseau. Elle devrait permettre la décentralisation de la création de valeur, plus flexible, à plus petite échelle, mieux intégrée dans le tissu urbain où les différentes fonctions sont très proches.
Le rôle de l’économie circulaire
Les défis climatiques, environnementaux et sociaux imposent de revoir en profondeur nos processus de production. La transition vers une économie circulaire s’avère indispensable pour répondre aux changements climatiques et à la rareté des ressources.
Par l’éco-conception, l’approvisionnement en matières renouvelables, la mise en place de produits ou de technologies basées sur la valorisation des matières premières secondaires (déchets) ou la mise en place de chaîne d’approvisionnement circulaire, l’augmentation du taux d’utilisation de la matière et l’allongement de la durée de vie des équipements et des produits, l’économie circulaire joue un rôle central dans une politique de soutien aux activités productives artisanales et de petites à moyennes séries.
Le positionnement du cluster
Si les outils sont là pour dynamiser le travail sur la matière et notamment le prototypage et la petite série à travers le réseau des FabLabs (publics et privés), l’accompagnement à la montée en échelle des activités de production vers la moyenne série fait à ce jour défaut dans la Région. C’est donc sur ce créneau que le cluster circlemade souhaite orienter son cœur de métier en créant un écosystème favorable au déploiement des activités productives circulaires sur Bruxelles.