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Le projet Impact Furniture d’Oxfam – La durabilité optimisée

Le projet Impact Furniture d’Oxfam – La durabilité optimisée

L’ONG Oxfam est connue surtout pour ses missions humanitaires et pour ses Magasins du Monde.

Mais Oxfam, c’est aussi un acteur engagé depuis très longtemps sur les questions de circularité, notamment avec son projet Impact Furniture de recyclage, réparation et commercialisation de mobilier de bureau de seconde main. Et ce programme a cela de remarquable qu’il s’illustre par sa capacité à optimiser ses dimensions économiques, environnementales et sociales.

Exemplaire donc d’un modèle d’économie durable parfaitement maitrisé, ce projet nous est présenté par Jean-Michel Verlinden, responsable Impact Furniture by Oxfam.

 

Une longue expérience de la circularité

Historiquement, les projets humanitaires de l’ONG Oxfam aux quatre coins du monde (y compris en Belgique) sont en partie financés par la vente de ses produits alimentaires équitables (notamment distribués en grandes surfaces) ou d’articles créés par les coopératives partenaires dans les pays du Sud. Cela étant, la seconde main constitue aussi une source importante de revenus pour l’organisation, et ce, depuis très longtemps. L’expérience ainsi acquise a largement contribué à cette démarche de professionnalisation qui a conduit à la mise en place du projet Impact Furniture.

Jean-Michel Verlinden : « En fait, cela fait près de 24 ans que nous récupérons et revendons du mobilier de bureau chez Oxfam. Auparavant, nous appelions la “grande brocante” ce qui aujourd’hui est nommé économie circulaire. Nous avons donc cette connaissance du mobilier de bureau et cela a commencé quand nous collections le matériel informatique de la Commission Européenne qui nous a aussi proposé de récupérer leur mobilier de bureau.

C’est ainsi devenu un secteur à part entière de nos activités et nous l’avons structuré autour de deux axes principaux. D’une part, la vente en l’état avec des produits que nous vendons très bon marché, à environ 10 % du prix neuf, essentiellement aux ONG et aux ASBL. Et, depuis deux ans, nous avons développé ce projet Impact Furniture, une véritable activité d’upcycling en créant de nouveaux objets à partir de panneaux de bureaux, comme des poubelles de tri, par exemple, ou des cloisons et séparateurs antibruit. Nous concevons ces modèles avec des designers et nous les faisons fabriquer par des Entreprises de Travail Adapté (ETA) qui sont nos partenaires.

Et, parce que nous tenons à rester le plus circulaire et durable possible, nous développons nos activités uniquement dans la zone bruxelloise ou en périphérie très proche ».

L’efficience entrepreneuriale

Forte de son expertise et de cette expérience acquise, Oxfam a donc développé un système qui s’illustre par sa maîtrise des paramètres économiques du projet et par une rentabilité rigoureusement gérée.

Jean-Michel Verlinden : « Nous avons la chance de disposer de gisements importants, notamment grâce à ce contrat avec la Commission Européenne. Nous recevons environ 40 000 biens par an avec un taux de déchets d’environ 6 %, ce qui est très peu. Ce que nous collectons arrive dans notre entrepôt de 2 000 m² avant d’être trié une première fois entre ce qui peut être vendu en l’état et ce qui sera utilisé pour la fabrication de nos objets upcyclés. Cette partie-là est alors triée en fonction des matériaux, métal et bois principalement. Et ces tâches sont assurées par nos équipes de travailleurs en réinsertion qui comprend des personnes sous statut Article 60, mais aussi des personnes handicapées et d’anciens détenus. C’est aussi à ce niveau-là que nous développons l’aspect social de notre activité.

Aujourd’hui, nous avons un stock d’environ 12 000 panneaux de bois et près de 4 000 panneaux de bambou qui vont permettre la fabrication de ces objets upcyclés par les ETA partenaires. Nous ne travaillons que sur commande pour éviter de devoir gérer du stock, principalement pour réduire les coûts et des impacts qui peuvent être importants, en particulier en termes d’énergie. La conséquence de ce système, c’est que nous avons des délais de fabrication et de livraison qui sont d’environ 8 semaines et ça, c’est à nous de le faire accepter par les clients.

L’un dans l’autre, avec ce mode de gestion, nous parvenons à une marge nette d’environ 20 % de notre chiffre d’affaires. Et ce sont des résultats que nous atteignons parce que nous gérons notre activité véritablement comme n’importe quelle autre entreprise commerciale. Nos produits doivent être aussi bons que ceux de nos concurrents. Ils doivent être aussi bons et plus vertueux, tout simplement ». 

Sur les 3 piliers de la durabilité

Cette bonne gestion et ce dynamisme commercial qui caractérisent le projet Impact Furniture a pour unique finalité le financement des projets humanitaires et sociaux d’Oxfam. Et ce, dans le cadre d’une optimisation environnementale tout aussi remarquable.

Jean-Michel Verlinden : « Nous avons vraiment pensé l’ensemble de ce projet d’upcycling pour le rendre le plus vertueux possible. Notre système de découpe, par exemple, nous permet de limiter les chutes au strict minimum. La feutrine que nous achetons pour nos cloisons antibruit provient d’Allemagne parce qu’elle est recyclée à 80 % alors qu’ici en Belgique on ne trouve que du 60 ou du 50 %. Notre entrepôt est situé à moins de 6 kilomètres de la Commission Européenne, qui est notre principal fournisseur, et nous faisons toutes nos livraisons avec un gros semi-remorque pour réduire les déplacements.

Nous analysons donc tout ce que nous faisons en termes de circularité, mais aussi par rapport à notre empreinte carbone. Sur ce point, nous travaillons justement à développer un nouveau système de calcul qui soit beaucoup plus précis. Sur la base des logiciels existants, nous estimons qu’avec les 1 000 tonnes de mobilier de bureau que nous avons traitées, nous avons économisé environ 3 000 tonnes de CO2. Mais nous sommes convaincus qu’il s’agit d’une estimation très basse par rapport à la réalité et c’est pour ça que nous travaillons sur notre propre logiciel de calcul ».

Le commerce pour le bien

C’est clairement cette subtile harmonie entre exigence entrepreneuriale et commerciale, d’une part, et engagement sociétal, social et environnemental, d’autre part, qui est impressionnante dans ce projet, une culture qui existait sans doute moins dans les décennies passées, mais qui tend à s’affirmer et à se généraliser.

Jean-Michel Verlinden : « Moi, ce qui me motive, c’est de travailler pour la cause. C’est ça qui est intéressant dans mon métier et le reste c’est du commerce. Bien sûr que je suis un commercial, mais je n’aime pas arnaquer les gens. J’essaie plutôt de faire vivre mes clients, notamment en adaptant nos prix de vente aux leurs pour qu’ils puissent marger correctement. Et c’est comme ça que tout le monde s’en sort.

Nous avons aussi ce type de relations commerciales positives avec des clients qui sont, comme nous, dans le secteur de la circularité. Avec RotorDC, Regglo ou Bel Albatros, par exemple.

Il faut vraiment soutenir cette vague circulaire que nous vivons en ce moment. C’est un mouvement très important qui bénéficie notamment de la Shifting Economy qui intègre à la circularité des sujets comme la mise à l’emploi, l’équilibre homme-femme, etc. 

Et je pense que le marché va dans cette direction, vers des modèles qui allient le social et l’environnemental à l’économique. Simplement, parce que si on pense bien les choses, on peut faire de la qualité et du durable sans que ça coûte plus cher. Il ne faut pas forcément croire ceux qui vous disent le contraire ». 

Expression d’un véritable vétéran du commerce durable, ce témoignage fait chaud au cœur. Nous voulons le croire et ce que nous dit ce projet Impact Furniture by Oxfam, c’est que ça marche.

Plus d’information : https://oxfambelgique.be/impact-furniture