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Utexbel, le dernier des Mohicans

Utexbel : une success story belge presque centenaire…

Utexbel est une entreprise familiale, qui fêtera ses 100 ans en 2029. Elle compte 900 employés, dont 700 en Belgique, répartis entre 4 filatures, 2 tissage et 1 teinturerie.

Utexbel produit 8000 tonnes de fils et tisse, teint et achève 11 millions de tissu par an.

En ce qui concerne la filature, les matières filées sont diverses : fibres naturelles, principalement le coton, fibres artificielles d’origine cellulosique comme la viscose et le tencel, fibres synthétiques comme le polyester et l’aramide.

En ce qui concerne le coton, celui-ci vient principalement d’Europe (Espagne, Grèce) mais également en Afrique de l’ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali), en Tanzanie et au Brésil. L’approvisionnement en coton ouest-africain et en Eurasie est très compliqué actuellement, du fait des tensions politiques dans ces pays. Le Burkina Faso fournit du coton bio et issu du commerce équitable.

Depuis presque 5 ans, Utexbel innove en introduisant dans sa production de fil des fibres issues du recyclage mécanique de vêtement et déchet de confection.

Pour ce qui est du tissage, Utexbel est spécialisé dans la production de tissus techniques et, à ce titre, est active au niveau des marchés publics, notamment avec les armées et les polices européennes (tissus avec des propriétés de protection  contre le feu, les insectes, les arcs électriques, camouflage,…)

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Une vision écoresponsable

Utexbel consacre chaque année 5% de son CA à des projets de R&D, en vue de diminuer l’impact des activités de la société (consommation d’eau, d’énergie, toxicité des teintures et solvants,…). Elle possède le certificat Oekotex Step qui contrôle la qualité et la durabilité de l’ensemble de sa production et de ses process.

Le plan d’investissement pour Utexbel pour les prochaines années est dédié au challenge du traitement responsable des eaux dans le cadre du programme « Detox Zero ».

Les produits Utexbel sont traçables à 100%, ce qui signifie qu’à tout moment de leur vie, on peut savoir quand il a été produit, avec quel mélange de fibres, quel process,…, etc. L’écoconception de chaque produit est également une question cruciale pour la société. Chaque nouveau développement est conçu selon la roue LIDS (Lifecycle Design Strategies), un outil d’éco-conception qui aide le département R&D à prendre des décisions en faveur d’un produit plus durable, et qui pousse également l’ensemble de l’entreprise à prendre des décisions en matière d’optimisation des flux de matériaux, de logistique, de maintenance des machines et d’investissements. Utexbel encourage ses clients à réfléchir au traitement de fin de vie de leur produit en termes de démantèlement, de matériaux et de recyclage. A titre d’exemple, Utexbel intègre dans sa production le REFIBRA, en partenariat avec Lenzig, fabriquée à partir de déchets de vêtements et de bois durablement géré. A l’usage cette fibre ressemble beaucoup à du coton mais est beaucoup plus écologique : pas de pesticides, beaucoup moins de consommation d’eau, les matières premières de base sont toutes sourcées en Europe, et la fibre en tant que telle est déjà partiellement circulaire.

De même, Utexbel produit, à l’échelle industrielle, un tissu composé d’un tiers de coton bio, un tiers de tissus récupérés et effilochés, un 6ème de « déchets » de production textile, et un 6ème de polyester recyclé. Ce tissu, issu d’une production circulaire est utilisé pour la confection de blouses d’hôpitaux (projet Dr. Green, lancé en 2018). La société a conclu un contrat avec différents laveurs industriels de vêtements hospitaliers qui, après 100 lavages, sont récupérés, débarrassés de leurs « points durs » (boutons, pressions, pièces de couleur thermocollées), effilochés et réutilisés pour le projet Dr. Green.

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Des « déchets » comme matière première ?

Un enjeu important dans le futur sera l’acceptabilité, par les pouvoirs publics, des fibres issues de vêtements et textiles déjà utilisés, en fin de vie, et dès lors considérés comme des déchets. Utexbel doit effectuer une déclaration spécifique pour pouvoir travailler sur des matières textiles recyclées, lors de chaque soumission à un marché public.

Les critères pour qu’un déchet soit accepté et réintégré dans une chaîne de production sont les suivants :

  1. être couramment employé pour une utilisation spécifique ;
  2. répondre à un marché ou à une demande ;
  3. remplir les exigences techniques liées à sa nouvelle utilisation et respecter la législation et les normes applicables aux produits ;
  4. ne pas avoir d’effets globaux nocifs pour l’environnement ou la santé humaine.

A l’horizon 2030, les industries textiles auront l’obligation d’intégrer min. 30% de fibres recyclées.

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Le parcours de la fibre

Arrivée en balles, les fibres sont stockées en entrepôts. Elles prendront ensuite la direction de la mélangeuse qui assurera un mélange homogène des fibres provenant d’origines différentes en éliminant les impuretés (4%). Les fibres sont alors individualisées et alignées dans des cardes sous forme de voile. À la sortie de la machine, les fibres sont mises en rubans dans de grands rouleaux. L’étape suivante consiste à réaliser un mélange intime entre le coton et le polyester par étirage. Le ruban est étiré plusieurs fois. Le produit à la sortie de cette étape est un ruban régulier de poids constant et à la composition déterminée (60% cotton, 40% polyester par exemple). Ensuite le ruban va alimenter une machine à filer. Celle-ci va produire des grosses bobines de fil simple. Les fils issus de fibres effilochées (coton) et de polyester recyclé suivent le même trajet mais comme elles sont plus fragiles, les machines de production tournent plus lentement. Dans l’atelier de retordage, 2 ou plusieurs fils simples sont assemblés. L’étape suivante est le tissage. Les fils de chaîne tendus sur de longues distances et qui constituent la base du tissu, sont enroulés parallèlement sur une ensouple (rouleau). Ils passent dans un bain de fécule de pommes de terre pour éviter leur détente ultérieure. Dans le métier à tisser, le fil de trame alimente deux navettes qui vont se rejoindre au centre et en se déplaçant entre les fils de chaîne, constituer le tissu. Ce dernier subira un contrôle qualité. Certains tissus sont envoyés au bain de teinture. D’autres peuvent subir des traitements spécifiques liés aux exigences requises (anti-moustique, antistatique,…). Après un dernier contrôle qualité, les rouleaux rejoignent l’entrepôt pour expédition.