Tout ce qu’il faut pour travailler
Mis en place en 2020, le Réseau des FabLabs bruxellois propose aux entrepreneurs comme aux particuliers des espaces partagés pour disposer d’une large gamme d’outils et de machines, mais aussi pour échanger des connaissances et des savoir-faire.
Il s’agit donc de dispositifs particulièrement précieux pour les acteurs de l’économie circulaire qui souhaitent concevoir, prototyper, développer ou fabriquer de nouveaux produits.
On a donc voulu en savoir plus et, pour ce faire, nous avons eu le plaisir de rencontrer Perrine Collin, coordinatrice du Réseau pour citydev, qui nous a tout expliqué.
« Tout d’abord, il faut savoir que le terme FabLab est la contraction des mots Fabrication et Laboratory et ce sont effectivement des lieux où on partage des équipements, mais également des connaissances. Très concrètement, ce sont donc des espaces mutualisés où tout un chacun, qu’il soit professionnel ou particulier, peut utiliser ces ressources à des tarifs hyper-abordables.
Ce sont donc bien des lieux de production où on peut utiliser (et apprendre à utiliser) toute une série de machines principalement télécommandées par des ordinateurs, comme des imprimantes 3D, des découpeuses lasers, des fraiseuses numériques… en sachant qu’on propose aussi du matériel plus classique, comme de l’outillage à bois ou du matériel pour faire de l’électronique ».
Le concept est très intéressant, d’autant plus que sur Bruxelles, il existe 11 sites qui proposent une offre de ce type (https://www.fablabs.brussels/que-fait-on/).
Apprendre et partager
Cela étant, tout le monde ne sait pas se servir d’une fraiseuse numérique du premier coup et c’est bien normal.
Pas de soucis. Les FabLabs sont aussi des lieux dédiés à la découverte, à l’apprentissage et au partage des connaissances. D’ailleurs, des animateurs sont présents sur place pour vous accueillir, vous guider et vous conseiller. C’est bien cela, Perrine ?
« Absolument et c’est très important de le souligner. Cette dimension de partage des savoirs est toute aussi essentielle dans ce système et c’est comme ça que nous l’avons voulu.
Un FabLab, c’est véritablement une communauté de Makers, comme on les appelle, qui manipulent ces machines et qui partagent leurs connaissances et leurs expertises. L’idée, c’est bien de combiner ces deux aspects pour permettre à celui ou celle qui voudrait tester une machine, ou même qui aurait envie de créer quelque chose sans savoir quel outil utiliser, puisse venir pour comprendre, se former et utiliser ces machines de pointe.
En s’appuyant sur les savoirs de la communauté, il ou elle pourra concevoir correctement son projet dès le début et optimiser son produit dans les meilleures conditions ».
Reconnaissons-le, c’est très séduisant comme système et, visiblement, très bien pensé.
Made for Brussels
Ce que Perrine nous a aussi expliqué, c’est que ce Réseau des FabLabs constitue un écosystème de préproduction particulièrement bien adapté à la situation de notre belle capitale.
Pour un territoire comme celui de la région bruxelloise qui connaît une densité de population élevée, il est important d’optimiser l’espace dédié aux activités productives. Et, par définition, les FabLabs, en mutualisant l’espace autant que les outils, permettent de partager des ateliers et des machines entre plusieurs entrepreneurs sans que chacun doive disposer de son propre site et de ses propres équipements qui, d’ailleurs, ne sont souvent pas utilisés à plein temps. C’est tout à fait logique pour le prototypage et la petite série.
L’autre raison qui explique cette mobilisation importante de la Région bruxelloise et de citydev dans le développement de ces infrastructures tient à la volonté de maintenir et de soutenir les activités de production sur les 19 Communes.
« Il s’agit d’un véritable enjeu pour la Région. Considérant les prix élevés des terrains à Bruxelles, les FabLabs offrent des solutions très performantes pour stimuler et soutenir ces activités productives sur le territoire. En mettant ces espaces à disposition, la Région bruxelloise prend à sa charge l’essentiel du risque financier lié aux investissements pour que les utilisateurs n’aient que l’usage des machines à payer (et à moindre coût).
Cela étant, l’idée des FabLabs c’est aussi de soutenir le secteur de l’artisanat bruxellois, qui est particulièrement dynamique, en lui proposant des solutions de production à moindre coût. »
Le fait est que, dans cette architecture, tout le monde est gagnant, à commencer par celles et ceux dont les doigts fourmillent de créativité.
Top Circulaire
L’offre de services proposée dans le cadre des FabLabs bruxellois est particulièrement adaptée aux besoins des acteurs circulaires du territoire. Et ce, pour toute une série de raisons tout à fait pertinentes.
Pour commencer, dans la mesure où l’activité circulaire se nourrit généralement de matériaux de récupération dont l’offre dépend uniquement de la disponibilité de cette ressource à un instant donné, elle œuvre généralement sur de la production en petites, voire moyennes séries. Elle a donc plutôt besoin de lignes de production souples, adaptables et légères plutôt que de structures industrielles permettant de traiter des très gros volumes.
« C’est tout à fait vrai. La force des FabLabs, c’est précisément cette résilience qui permet d’adapter le système de conception-fabrication en fonction de la matière première. On n’est pas du tout dans une logique de chaîne de production standardisée.
Et puis, dans les FabLabs, on privilégie l’ingéniosité ! Comme on dispose de différentes machines, mais aussi des cerveaux de toute la communauté, on peut aussi réfléchir pour adapter les machines à la matière première et aux exigences du projet.
Avec toute cette créativité réunie dans un même endroit et qui, en plus, ne sont pas définis par un métier spécifique, mais par un grand nombre de compétences et de savoir-faire, on arrive très vite à faire émerger de nouvelles solutions. C’est ça aussi, les FabLabs. »
Ajoutons enfin que, dans les FabLabs, on adore réparer. C’est vraiment dans la nature profonde de tous ces Makers qui s’y côtoient. Et c’est évidemment super pratique et, bien sûr, très Culture Circulaire. Autant dire qu’on y sera bien accueillis.
Pour s’initier à l’industrialisation
Pour de nombreux entrepreneurs ingénieux, manuels et/ou créatifs, le passage à la production en série représente à la fois un défi et une opportunité. C’est une chose de développer un produit unique dans le cadre d’une démarche artisanale, c’en est une autre de mettre au point les procédés qui permettront de le fabriquer en nombre. A fortiori si en plus, on souhaite générer des économies d’échelle sur cette production.
Là est tout l’enjeu du passage à une approche industrielle.
Or, sur ce sujet aussi, les FabLabs bruxellois ouvrent des voies tout à fait intéressantes.
« C’est, d’ailleurs, l’une des raisons d’être originelles des FabLabs qui, dès le début, avaient pour vocation de former et d’initier les utilisateurs pour aller vers le prototypage. Et, à Bruxelles, on a voulu aller un pas plus loin en permettant justement aux entrepreneurs de travailler sur de la petite ou moyenne série.
Deux de nos FabLabs sont précisément destinés à cela, la Micro Factory à Molenbeek et le Cityfab 3 à Anderlecht. Là, vous disposez de machines qui permettent cette production en série, mais aussi des ressources pour optimiser tous vos process. Et puis, dans les FabLabs, vous pouvez tout essayer, tout expérimenter pour monter en échelle. Dans un projet industriel ou préindustriel, c’est clair que les FabLabs sont un très bon moyen d’avancer à moindre coût. »
Alors, si vous aussi, vous avez une idée, un concept, un projet, vous savez maintenant où aller pour le faire éclore et grandir. Direction les FabLabs bruxellois !
Merci Perrine
Pour plus d’information : www.fablabs.brussels
Vidéo de présentation : www.fablabs.brussels/que-fait-on/